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UNE NUIT EN MARAUDE AVEC AIDES

20h30 : rendez-vous au local de l’association pour préparer le matériel à distribuer, faire couler du café et se préparer. Préservatifs, gel, lingettes, seringues, pipes à crack, tout est prêt. “Il y a 20 ans, nous étions 60 bénévoles, aujourd’hui nous ne sommes plus que 6” déplore Adrien, volontaire depuis 1998 à Metz. Ce soir, ce sera à pied que nous irons faire un tour de la ville pour discuter avec les personnes prostituées.  

“Bonjour, association AIDES, on distribue du matériel. Tu as besoin de quelque-chose? ”

21h00 : premiers pas en ville. Nous suivons Adrien et son chien, qui connaît les lieux fréquentés par les prostituées. C’est sur ce trottoir, près d’un petit parc, que nous rencontrons une première femme. La quarantaine, elle nous livre une partie de son histoire. Depuis ses 18 ans, cette femme au visage marqué par le temps, vend son corps pour pouvoir se payer de la drogue. “Je ne suis pas fière de ce que je fais, mais je n’ai pas honte” nous assure-t-elle. Dans la rue quelques jours par semaine, elle a ses habitués. Avec son expérience, elle se fie à son instinct, “si je ne sens pas le client, je n’y vais pas”. Elle ne se sent pas en danger, mais d'après elle, la loi entraîne une baisse de fréquentation des hommes et donc des femmes présentes.

Après quelques tours de pâtés de maisons, nous rencontrons une femme au volant de sa Mercedes, dans la rue depuis plus de 30 ans. “Ce sont les meilleures qui restent” affirme-t-elle. Du haut de ses 75 ans, cette femme aux airs de mamie gâteau voit plutôt ça comme un passe-temps. Après un café et de nombreux potins, nous la laissons travailler.

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Avec cette maraude, nous rencontrons des passants, du voisinage. C’est l’occasion de s’interroger à ce sujet. Y a-t-il des riverains qui n’acceptent pas la présence de personnes prostituées près de leurs domiciles ? 

La Tour Camoufle, vestige de l’ancienne enceinte médiévale est un endroit connu à Metz. Ce lieu a une double symbolique. Outre son aspect historique, c’est un lieu de vie nocturne, fréquenté par les personnes prostituées. Ainsi, plusieurs riverains ont entamé des démarches pour limiter cette activité nocturne.  Aujourd’hui ce lieu est de moins en moins occupé par les prostituées.

21h45 : Au détour d’un coin de rue, deux femmes en voitures bavardent. Elles n’ont besoin de rien, mais nous discutons avec elles. La maraude sert aussi à dialoguer et à savoir comment se passent leurs vies. Le sujet de la nouvelle loi est vite abordé. “Il y a la loi et l’application de la loi les poulettes” nous lance une des femmes.  Elle assume pleinement être contre cette loi. Pour elle, les clients deviendront des violeurs. Concernant l’accompagnement des personnes sortantes de la prostitution, elle assure que “c’est une bonne idée, mais comment faire pour qu’une fille vive avec 300€/mois alors qu’elle gagne cela en 2 heures”. La prostitution est selon elle un service de société, comme les boulangeries par exemple. “Si on enlève ce service, faites attention à vos filles, ce sera dangereux de sortir la nuit”.

22h50 : Adrien nous propose d’aller au point de rencontre des transsexuels. Sur place, ils ne sont pas encore là, car ils arrivent en général pour 23h00. Nous en profitons pour discuter avec le volontaire sur la place des transsexuels dans le paysage prostitutionnel de Metz “Il y a environ 30% de transsexuels parmi les prostitués”. Ce soir elles ne viendront pas. C’est l’heure pour nous de rentrer au local avenue Foch.

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