top of page

Nous entrons dans la pièce de vie du Mouvement du nid. Autour de la table, des femmes et un homme, médecin retraité venu pour en apprendre plus sur l’association. Viviane nous propose un café et des gâteaux. D’abord, on observe puis très vite les femmes commencent à nous poser des questions. “Vous faites quoi dans la vie ? Comment payez-vous vos dépenses quotidiennes ? Comment faites-vous pour vivre sans un petit copain ?” Des échanges saisissants en anglais, en français et aussi en espagnol avec cinq femmes aux différents parcours.

3.png

Partie du Mexique il y a plus de 17 ans, Mariana est nostalgique. En France, à Metz, elle mène une vie qu’elle n’aime pas. Cette femme de 55 ans, aux airs timides, a vécu quelques années au Portugal où elle a rencontré son conjoint. Après leur mariage, elle obtient la nationalité belge. Sa vie prend un tournant à la mort de son époux, victime d’un accident de camion durant son travail de chauffeur routier. Derrière son visage aux yeux brillants et emmitouflée dans sa doudoune noire, elle nous livre que depuis 5 ans, elle vit à Metz. Là, elle vend son corps pour vivre, pour survivre car "elle est seule”. À son âge, elle est consciente qu’elle ne trouvera pas de travail, donc elle continue de se prostituer en attendant d’obtenir la pension de son mari. Cette pension est une lueur d’espoir pour pouvoir quitter ce travail. Pour elle, “maintenant les jeunes femmes sont devenues plus indépendantes, elles n’ont plus besoin des hommes pour vivre”.

Elle vend son corps pour survivre...

                       

Mariana

2.png

Du haut de ses 26 ans, Lisiana est venue en France en 2015. Mère de deux enfants, elle et son mari ont quitté l’Albanie pour vivre 3 ans en Italie. Durant toutes ces années, elle a dû se prostituer. Depuis qu’elle est arrivée en France, elle ne souhaite plus retourner dans la rue. Peu sûre d’elle, elle veut s’adapter à la vie française et trouver un travail digne. Elle s’adresse à toutes les agences d’intérim pour trouver du travail, mais en tant que demandeur d’asile c’est un parcours difficile. Elle se sent pourtant prête à dépasser ces difficultés et surmonter chaque obstacle. Lisiana a dénoncé trois proxénètes albanais, si elle retourne dans son pays d’origine elle tombera sur plus fort qu’elle et risquera sa vie.

Elle a dénoncé trois proxénètes...

                       

Lisiana

1.png

"Je suis une victime du trafic d'êtres humains mais j'ai peur de le dire"

Anita

"Il faut de l'intelligence pour faire ce travail"

Les autres femmes la surnomment “La business woman”. Caroline, 48 ans, vit deux semaines en Espagne en tant que fleuriste et vient deux semaines à Metz pour se prostituer. Véritable femme d’affaires, elle explique en

français-espagnol qu’il faut de l’intelligence pour faire ce “travail”, se prostituer. Elle fait ça pour plus tard, pour gagner de l’argent et surtout pour payer les frais de vie quotidienne de sa fille et ses études. Sa double vie à Metz et à Madrid coûte cher. “C’est une bataille ce travail” assure-t-elle. Sa fille de 21 ans étudie dans une école privée qui coûte 3000€/mois. “Je ne le dirai jamais à ma fille” nous confie-t-elle. Endettée, elle veut vivre dans le luxe et offrir une vie sans problème d’argent à sa fille. Depuis la loi de 2016, elle a remarqué que de plus en plus d’hommes exigent des relations sexuelles sans préservatifs, mais ça elle ne l’accepte pas. Sans cesse avec son téléphone portable, elle ne s’est pourtant pas inscrite en ligne pour vendre ses services sexuels, car elle n’est pas à l’aise avec le numérique. Pour elle, ce sont les femmes plus jeunes qui sont en ligne.

5.png

Caroline

4.png

L'une des trois femmes à avoir

intégré le parcours de sortie.

L’une des doyennes, Nilaja, appelée “Madame Nilaja”, est l’une des trois femmes à avoir intégré le tout nouveau programme : parcours de sortie. Dans la prostitution depuis des dizaines d’années, elle a voulu en sortir. Avec l’association le Mouvement du Nid et une assistante sociale, elle a monté son dossier. Le préfet a validé sa demande et elle a donc touché une allocation de 330 euros (AFIS : aide financière à l'insertion sociale et professionnelle). Pour changer de vie elle a commencé par payer un logement moins cher et elle a suivi des cours de français. Un nouveau rythme à appréhender petit à petit.

Madame Nilaja

bottom of page